Ce texte autour du thème de l’offrande est la première contribution de notre clairière au blog « Paroles de Druides », qui a choisi ce thème pour le lancement de ses sujets de réflexion visant à élargir l’activité intellectuelle et philosophique des druides, ce qu’ils ont à transmettre, auprès du public (voir https://parolesdedruidescom.home.blog/a-propos/).
Pour y répondre, nous avons choisi de nous réunir et récolter
les impressions de chacune et chacun d’entre nous de la clairière
qui souhaitaient y contribuer. Ainsi, le fruit de notre réflexion
est le reflet de notre perception individuelle et collective de ce
qu’est l’offrande, du sens et de la compréhension qu’elle prend pour
nous. Et ce, quel que soit notre degré d’implication, ou la durée
de notre cheminement dans la tradition celtique et druidique. Aussi,
nous remercions tous les apports et toutes les questions qui nous ont
amenés à avancer dans la rédaction de ce texte, puisqu’ils partent
du cœur de là où nous sommes. C’est cela, la vie de clairière.
Très vite, deux aspects se sont dégagés. Le sens que l’offrande
porte pour nous et la symbolique qu’elle représente, d’une part. Et,
la mise en pratique concrète, d’autre part, du geste de l’offrande.
Il s’avère que la tradition est un chemin d’évolution qui se
vit, que le geste posé est quelque chose d’intime qui prend part
dans le contexte spécifique dans lequel il s’inscrit. C’est une
tradition orale où chacune et chacun avance à son rythme, en
recherchant l’écho de ce qui est à la fois juste pour soi et en
résonance avec l’harmonie de l’univers. Une des interventions nous
dit précisément que « Le retour d’expérience est irremplaçable
pour les nouveaux arrivants. Le rôle de la transmission est
d’enseigner aux nouveaux. J’aimerais savoir d’où vient l’offrande,
quelle en est son histoire, ce que c’est pour vous, pour que je
puisse comprendre ce que ça peut être pour moi. »
À défaut de nous être penchés pour retracer son histoire, nous
allons explorer le sens et la symbolique, que nous allons illustrer
de quelques exemples concrets, en donnant quelques pistes, sans pour
autant donner de « recettes toutes faites », invitant chaque
personne enthousiaste à pousser ses recherches et à développer sa
sensibilité et son intuition par rapport à sa démarche vis-à-vis
de l’offrande. C’est à chacun de dessiner son propre chemin.
L’offrande prend place dans un contexte rituel, même s’il n’a pas
été formalisé comme tel. Celui-ci peut être partagé
collectivement ou vécu individuellement, dans l’intimité de sa
spiritualité. Elle se place donc dans un contexte sacré et magique.
Elle a à la fois une portée symbolique et une portée opérative.
C’est pour ça qu’il est important qu’elle soit faite en conscience.
C’est la valeur principale que nous y mettons. Ce faisant, nous
posons une intention dans la trame de l’Univers.
Au travers de nos échanges, nous avons constaté que revenaient
principalement deux facettes de l’offrande.
Dans sa première facette, l’offrande est la reconnaissance de ce
que l’univers nous a donné. En faisant offrande, nous en donnons une
partie à d’autres, et une que nous restituons à la terre et à
l’univers, pour leur transformation et un enrichissement de la vie.
Cela inscrit un geste d’amour, cet amour que nous avons reçu, nous
le repartageons en souhaitant que le cycle de vie poursuive son
mouvement et continue de nous nourrir. L’offrande est quelque chose
que nous offrons, un cadeau sans intention, où nous reconnaissons la
beauté, les Dieux et Déesses. Parfois, cela peut prendre la forme
d’un engagement, l’offrande est ainsi notre personne, la
manifestation que nous donnons dans la vie. Cela peut osciller de
l’un à l’autre, au gré du temps, des rituels et des célébrations.
La deuxième facette, c’est l’offrande que nous plaçons dans le
contexte de notre évolution, nous marquons une intention, un souhait
qui verbalise ce vers quoi nous voudrions aller dans notre vie, et
pour lequel nous sollicitons l’Univers pour nous soutenir. L’offrande
a alors pour effet de matérialiser physiquement ce que nous
« vibrons », ce vers quoi nous allons et demander soutien
pour continuer sur cette voie.
Dans cette deuxième facette, il est important de souligner que
l’offrande est quelque chose que nous donnons, non pas la demande.
C’est le sens du sacrifice, il s’agit d’une offrande particulière où
nous retirons une part de soi (quelque chose à laquelle nous
tenions, une part de soi comme les cheveux, quelque chose d’ancien
que nous souhaitons voir se transformer), en échange d’une demande.
Le sacrifice est alors un don, rendu sacré. La demande devient alors
un engagement personnel, un face à face avec soi-même devant les
Dieux et Déesses. Nous veillons à nous focaliser dessus et à
capter les signaux qui seront envoyés sur le sujet, en s’engageant à
les voir. Plus nous mettons des offrandes en posant des intentions,
plus nous recevons des leçons, des enseignements de l’Univers.
Auparavant, l’offrande pouvait prendre la forme d’un sacrifice
d’animal. Aujourd’hui, en donnant une part de nous-même, nous
sacrifions l’animal qui est en nous. L’offrande, le sacrifice devient
la matérialisation de notre engagement, vis-à-vis de nous-mêmes et
de l’Univers.
En réalité, bien que distinctes, nous semblons convenir que ces
deux facettes s’interpénètrent. Ainsi, lorsque nous posons une
intention, nous disons et indiquons où nous allons, tout en étant
en conscience de où nous en sommes aujourd’hui : nous remercions de
ce que nous avons reçu pour en être là, et ensuite nous pouvons
formuler une demande pour continuer et aller de l’avant.
L’offrande que nous déposons avec une demande, c’est pour un
devenir, pour être bien dans sa vie, nous méritons cela, tout le
monde mérite cela. Il faut dépasser les croyances que nous ne
sommes pas dignes de recevoir. Ce faisant, nous permettons à
d’autres de recevoir. Ce devenir, c’est l’offrande de notre personne,
qui fait partie de la première facette.
Que l’offrande soit purement un don en célébration, ou qu’elle
vienne accompagner une intention, elle a une portée magique. Il est
dès lors essentiel de veiller à être au plus juste dans ses
intentions. Ensuite, nous lâchons prise et nous nous en remettons à
l’Univers. Nous posons un geste, que nous confions à l’Univers, à
la Terre et aux éléments qui nous entourent.
Au fil des échanges, nous avons constaté que nous fonctionnons
toutes et tous de façon assez semblable. Or, nous n’en n’avions pas
vraiment parlé auparavant au cours de nos chemins personnels, et
aucun·e d’entre nous ne s’est vraiment penché sur la signification
de l’offrande dans l’histoire, aussi y aurait-il quelque chose
d’inné ?
Enfin, nous avons aussi abordé la notion des Dons de la Terre qui
prennent place au cœur des rituels des saisons. Pour certains, c’est
différent d’une offrande puisque ces dons qu’offrent les druides
symbolisent ce que la Terre nous a offert et que nous gardons. Et,
pour d’autres, c’est un don que la communauté fait au cercle et à
la Terre, s’apparentant donc à une offrande.
Dans certaines clairières, avant de commencer les dons de la
terre, ceux de l’an passé sont brûlés pour signifier que nous
brûlons les trébuchements de l’année passée, les expériences
précédentes qui sont derrière nous, qui symbolisent la
reconnaissance de ce que nous avons vécu, et repartir sur de
nouvelles bases.
Celle qui distribue les Dons de la Terre représente la divinité
de la Terre-Mère, ainsi en plus des dons nourriciers qu’elle offre,
elle peut être amenée à glisser un conseil, un message, puisque
celle qui prend ce rôle se met à l’écoute de la Terre, elle fait
office de canal entre le divin et les humains pour leur donner ce qui
est bon, ce sont ses enfants, les enfants de la Terre.
Sur le plan concret, les offrandes et les Dons de la Terre sont
toujours en résonance avec le lieu et la saison. Nous allons porter
notre choix sur les offrandes, en fonction de la clairière, en
tenant compte de son lieu et de son environnement. Si nous semons
notre vœu n’importe quand, il ne se réalisera pas forcément. Il se
passe quelque chose de différent si le vœu est fait au moment où
c’est le moment de semer dans la nature. Au début, notre pratique
n’est pas toujours consciente, puis elle peut prendre sens. Par
exemple, l’une de nous a choisi l’équinoxe d’automne pour donner au
feu ses cheveux coupés, elle souhaitait se débarrasser de ce qui
était obsolète.
Celles et ceux qui jardinent trouvent cela très naturel : « c’est
par le jardinage que je suis arrivée au paganisme ».
Quand nous n’y sommes pas habitués (coucou les citadins), plus
nous faisons l’effort de nous mettre en phase avec les saisons, plus
cela se fait. Au début la pratique se fait plus à l’intuition, puis
au fur-et-à-mesure que nous nous habituons au cycle, que nous le
comprenons, ça se met en place tout seul.
Cela est vrai aussi pour le choix des éléments. Puisque nous
confions nos offrandes à la Terre et à l’Univers, nous le faisons
au travers d’un des quatre éléments fondamentaux, l’eau, l’air, la
terre ou le feu. Chacun d’eux a une spécificité propre. Plus nous
cheminons, plus nous sentons aussi l’élément à utiliser pour
l’offrande. Au fil du temps, nous acquérons une compréhension
sensible des saisons et des éléments. C’est un des trésors
essentiels que nous pouvons faire émerger, ce sont des fruits que
nous récoltons de notre investissement, et c’est pour cela que cela
ne peut pas être écrit. Cela se vit.
Nous nous inscrivons
dans une tradition vivante, nous sommes païens, donc nous faisons
avec notre pagus, qui désigne le pays, la Terre qui est sous
nos pieds. Nous ne ferons pas les mêmes choix d’offrandes si nous
sommes dans le Sud-Ouest comme ici, ou dans le Nord ou en Bretagne.
Pour finir, rappelons que nous plaçons dans une offrande le sens que nous lui donnons, que nous la ferons en cohérence avec la saison, la nature, et qu’une offrande peut aussi être « rien », juste être là.
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Source: https://blog.lasentedelawen.org/2019/04/07/paroles-de-druides-1-offrande/